Vingt et un ans. C’est le laps de temps qu’il aura fallu attendre pour que le CAC 40 batte son record historique le vendredi 5 novembre 2021, avec un niveau de 7040 points à la clôture. Le précédent record datait du 4 septembre 2000, en pleine « bulle internet », avec un score de 6922 points.

Les semaines se suivent et se ressemblent en cette année 2021 pour l’indice phare de la bourse parisienne, alors même que, assez récemment encore, on pouvait craindre des difficultés par suite des divers confinements et restrictions de l’activité économique et industrielle. Quelles sont les raisons de la bonne santé du CAC 40 ? À quoi peut-on s’attendre pour la suite ? 

Si la Bourse de Paris a connu une année extraordinaire, avec jusqu’ici une progression de 26 % en 2021, ce n’est pourtant pas elle qui a connu la meilleure croissance depuis l’an 2000. En effet, sur les 20 dernières années, la pierre et l’or se sont avérés être des placements bien plus rentables que le CAC 40, malgré ses records des dernières semaines. C’est dire à quel point l’immobilier et l’or ont pu être des supports performants ! Jugez plutôt leurs performances depuis 20 ans :

  • >Immobilier : + 148 % (prix moyen du mètre carré)
  • Or : + 425 % (par exemple, le Napoléon valait 57 euros en 2000, il s’échange aujourd’hui plus de 300 euros)

Au plus mal il n’y a encore pas si longtemps (à peine 3630 points en mars 2020), le CAC 40 a su rebondir pour atteindre des niveaux encore jamais atteints depuis sa création en 1988, à l’instar de l’or et de l’immobilier. La crise sanitaire n’a finalement pas eu raison de l’indice vedette de la Bourse de Paris, notamment du fait de la politique volontariste des banques centrales, mais aussi grâce à la reprise économique.

En l’honneur de ce record historique, nos experts vous proposent une petite présentation de ce qu’est le CAC 40, son histoire et son fonctionnement, ainsi qu’une analyse de la bonne santé actuelle de ce « mètre étalon » de l’économie française.

CAC 40, une histoire et un record

Qu’est-ce que le CAC 40 ?

L’histoire du CAC 40 est relativement récente puisque celui-ci voit officiellement le jour le 31 décembre 1987. Créé par la « Compagnie des Agents de Change », avec une base de 1000 points, le CAC 40 (« Cotation Assistée en Continue ») est l’indice boursier majeur de la place de Paris. CAC pour « Cotation Assistée en Continue », d’accord. Mais pourquoi « 40 » ? Tout simplement, car le CAC regroupe 40 des plus importantes valeurs de capitalisations boursières françaises cotées à la Bourse de Paris (ou parfois moins, comme c’est le cas actuellement). Le principe du CAC 40 est donc d’indiquer l’évolution économique des plus importantes entreprises françaises. Il joue un rôle de baromètre financier. Le CAC 40 représente ainsi un panier composé de 40 valeurs de sociétés choisies parmi les 100 sociétés françaises ayant les volumes d’échanges de titres les plus importants. En outre, chacune de ces entreprises a un poids économique déterminé par rapport à sa capitalisation sur NYSE Euronext. Du point de vue des entreprises, figurer au CAC 40 favorise grandement l’attrait des prospects et des investisseurs dans l’optique du financement de leur croissance. Bon à savoir : la liste des 40 entreprises (valeurs) est régulièrement soumise à une mise à jour afin de rester suffisamment représentative et pertinente.

Comment fonctionne le CAC 40 ?

Le mode de calcul du CAC 40 est basé sur une moyenne (pondérée par la capitalisation des valeurs qui composent le CAC 40) et est réalisé en continu, entre 9 heures et 17h30, du lundi au vendredi. Le CAC 40 est remis à jour toutes les 15 secondes. Ce mode de calcul n’est pas le même que pour d’autres indices boursiers, comme le Dow Jones américain par exemple, lequel est basé sur une moyenne arithmétique des cours de ses valeurs.

L’indice de clôture est défini entre 17h30 et 17h35, court espace de temps lors duquel les ordres du jour sont consignés dans le fameux « carnet d’ordre » afin de fixer le prix de clôture pour chaque action, et, par extension, le niveau de l’indice du CAC 40 au moment de sa fermeture journalière.

La somme des capitalisations boursières totalisée par les 40 valeurs est comparée en continu à celle de son niveau initial lors de sa création, c’est-à-dire 1000 points : plus la capitalisation d’une valeur est élevée, plus sa variation influe sur l’indice global.

Bon à savoir : la pondération maximum autorisée pour une seule entreprise du CAC 40 est de 15 %.

Liste actuelle des entreprises du CAC 40

Voici la liste actualisée des valeurs

du CAC 40 (novembre 2021) :

  1. ACCOR
  2. AIR LIQUIDE
  3. AIRBUS SE
  4. ARCELORMITTAL SA
  5. ATOS
  6. AXA
  7. BNP PARIBAS ACT
  8. BOUYGUES
  9. CAPGEMINI
  10. CARREFOUR
  11. CREDIT AGRICOLE
  12. DANONE
  13. DASSAULT SYSTEMES
  14. ENGIE
  15. ESSILORLUXOTTICA
  16. HERMES INTL
  17. KERING
  18. L’OREAL
  19. LEGRAND
  20. LVMH
  21. MICHELIN
  22. ORANGE
  23. PERNOD RICARD
  24. PUBLICIS GROUPE SA
  25. RENAULT
  26. SAFRAN
  27. SAINT GOBAIN
  28. SANOFI
  29. SCHNEIDER ELECTRIC SE
  30. SOCIETE GENERALE
  31. SODEXO
  32. STMICROELECTRONICS
  33. THALES
  34. UNIBAIL-RODAMCO-WESTFIELD
  35. VEOLIA ENVIRON
  36. VINCI
  37. VIVENDI SE
  38. WORLDLINE

De 1988 à 2020 : le chemin vers le record historique du CAC 40

Comme tous les indices de boursiers de la planète, l’histoire du CAC 40 est faite de hauts et de bas. Si aujourd’hui l’indice boursier de la place de Paris tutoie les sommets, ce ne fut pas toujours le cas.

Les hauts et les bas du CAC 40

Petit flash-back et retour sur quelques dates marquantes de l’histoire du CAC 40, depuis sa naissance le 31 décembre 1987 jusqu’à son record historique de 2021.

31 décembre 1987 

Par suite du fameux krach boursier d’octobre 1987, le CAC 40 est créé, avec un indice de base de 1000 points.

29 janvier 1988

Le CAC 40 est à son plus bas niveau historique avec seulement 893,82 points.

4 septembre 2000

En pleine bulle spéculative sur les valeurs technologiques et médias/télécommunications (« bulle internet »), le CAC 40 atteint son plus haut sommet jusqu’alors avec 6944,77 points.

12 mars 2003

Éclatement de la bulle internet avec pour conséquence une chute sans précédent des places boursières mondiales, dont le CAC 40. Celui-ci tombe à 2401 points, subissant ainsi une baisse de près de 65 % de sa valeur entre son pic de 2000 et ce 12 mars 2003.

2 mai 2007

Le CAC 40 repasse la barre symbolique des 6000 points, concluant ainsi une hausse de près de 150 % en 4 ans.

9 mars 2009

À la suite de la crise boursière de 2008 (chute de 48 %, pire année historique du CAC 40), l’indice boursier tombe à un bas record depuis 1988 avec un niveau de seulement 2465 points.

Avril 2018

La capitalisation boursière dépasse le cap des 1600 milliards d’euros.

12 mars 2020

En pleine pandémie du Coronavirus, le CAC 40 connaît une baisse historique à la clôture : -12,28 %.

18 mars 2020

Le CAC 40 chute jusqu’à 3754 points, soit une perte de valeur de plus de 40 % en un mois.

à L’éclatement de la bulle internet de la période 2000-2003 et la crise économico-sanitaire liée à la pandémie de la COVID-19 sont les causes des deux crises boursières majeures des années 2000.

COVID-19, ou quand la vaccination fut efficace sur le CAC 40

Comment a-t-on pu passer d’une chute vertigineuse de l’indice boursier vedette de la place parisienne en mars 2020 au franchissement d’un record historique au-dessus de 7000 points en novembre 2021 ? La question mérite d’être posée, tant ce retournement de situation est digne des plus grands thrillers produits par Hollywood !

Si on y regarde de plus près, l’explication est peut-être plus simple qu’on pourrait le penser.

Tout d’abord, dès la fin mars 2020, et l’arrivée des premiers vaccins, le CAC 40 a commencé à reprendre du poil de la bête. Les bons résultats des divers vaccins ont commencé à remettre les acteurs économiques en confiance, mais aussi, et surtout à leur redonner du moral, comme à (presque) toute la population d’ailleurs !

Au-delà de cet « effet vaccin », la plupart des analystes financiers et économiques s’accordent pour ressortir quelques raisons essentielles derrière ce regain de forme du CAC 40 :

  • Abondance de liquidités: il y a énormément d’épargne disponible (du fait de la crise sanitaire) et une forte circulation d’argent (grâce aux mesures de soutien exceptionnelles des banques centrales)
  • Mesures gouvernementales pour le soutien de l’économie (économiques et budgétaires)
  • Le luxe ne connaît pas la crise: les poids lourds du CAC 40 sont les éléments moteurs de la hausse (LVMH + 35 %, Hermès + 60 %, l’Oréal + 29 %)
  • La « vieille » industrie traditionnelle fait plus que résister : Saint-Gobain + 60 %, ArcelorMittal + 50 %
  • Les investisseurs sont rassurés par l’action des banques centrales
  • Très bons résultats trimestriels annoncés par les entreprises

D’après Philippe Waechter, directeur de la recherche économique à la banque « Ostrum Asset Management », les mesures de soutien économique, notamment celles des banques centrales (BCE et Réserve fédérale américaine notamment), sont essentielles à la bonne santé du CAC 40 et des autres indices boursiers :

« Il y a un environnement favorable, avec des taux qui sont très bas. Et tout le monde a le sentiment que les banques centrales resteront très actives, quoi qu’il arrive »

Bertrand Lamielle, directeur général de la société de bourse « Portzamparc gestion », précise même :

« La crise sanitaire a figé le monde, à un moment où les indicateurs étaient déjà hauts, mais n’a pas détruit l’appareil économique. Au moment de la reprise, tout est reparti, avec le précieux soutien des banques centrales. »

En outre, le rebond économique se vérifiant dans la majorité des pays développés comme pour les pays émergents, les perspectives semblent bonnes. Le CAC 40, dont les valeurs fortes connaissent une croissance exceptionnelle (luxe et industrie entre autres), paraît armé et plus fort que jamais. Après tout, il a superbement surmonté l’obstacle de la crise sanitaire.

Toutefois, une ombre nommée « inflation » plane et pourrait noircir ce joli tableau… À moins que cela ne soit celle de la « pénurie » ?

Record historique du CAC 40 : et après ?

Si elles sont certainement moins fiables qu’un bulletin météorologique (quoique !) et probablement moins excitantes que des paris sportifs, les prévisions économiques sont une sorte de petit jeu qui peut parfois aider à faire la pluie et le beau temps du CAC 40, justement.

Rien d’acté, de certain ou d’immuable, mais quelques tendances se dessinent et permettent à de nombreux experts de tomber d’accord sur au moins trois éléments dont dépendront les (bons ?) résultats du CAC 40 dans les semaines et les mois à venir :

  • L’inflation
  • La pénurie de matières premières
  • Les répercussions d’une nouvelle vague épidémique

Une inflation contrôlée ?

C’est en quelque sorte le revers de la médaille « mesures de soutien ». Vous l’aurez certainement compris, c’est bien de l’inflation dont il est ici question. En effet, l’accélération de l’inflation constatée ces derniers mois pourrait bien conduire les diverses institutions monétaires à durcir leur politique, mais en douceur, comme le souligne une nouvelle fois Philippe Waechter :

« Les investisseurs ont désormais le sentiment que la Fed (la « Réserve fédérale », banque centrale des États-Unis) ne laissera pas l’inflation se développer, qu’elle veut la contrôler […] Les banquiers centraux ne veulent pas de choc, mais des interventions douces. Aujourd’hui, la Réserve fédérale américaine communique beaucoup sur ce qu’elle va faire, pour que personne ne soit surpris. »

àUne certaine visibilité existe donc, avec des politiques monétaires progressives, et donc pas nécessairement pénalisantes pour les marchés, et donc pour le CAC 40.

Vers une pénurie durable des matières premières ?

C’est un autre revers de médaille, celui de la reprise économique tonitruante : les matières premières manquent ! On parle même de pénurie.

Économiquement parlant, une pénurie se définit comme « le moment où la demande pour une marchandise est supérieure à l’offre », ce qui est présentement le cas de diverses denrées alimentaires ainsi que de nombreux composants et matières premières des chaînes de production à l’échelle mondiale. Pourquoi donc ces pénuries ?

On pourrait synthétiser ainsi :

  • Trop forte (et inattendue) reprise de la consommation, et donc de la demande globale
  • Le coût excessif du transport de fret maritime (90 % du volume des marchandises échangées au niveau mondial) qui a été multiplié par 6 en l’espace de 2 ans
  • La crise sanitaire ralentit encore la production (notamment en Asie)

Les diverses pénuries de matières premières pourraient ralentir la croissance économique et créer de l’inflation.

Le CAC 40 pourra-t-il se maintenir au sommet dans les prochaines semaines ? Réponse dans notre prochain bulletin météo… économique ! 😉  En attendant, nos spécialistes d’Xperts Patrimoine ont le moral et des projets d’investissements financiers au beau fixe, rien que pour vous. Alors, n’hésitez pas à nous contacter !

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